Liste de métiers durs à avouer à son entourage et auxquels on préfèrera un evasif :”je travaille à la télé”.
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Je ne suis pas abonné à Canal Plus ! Ce n’est pas moi, c’est plein de gens, mais ce n’est pas moi et le fait qu’entre deux DVD et un paquet de Télé 7 Jours (Je ne suis pas abonné, etc…) l’on puisse deviner la diode verte d’un décodeur n’a rien à voir. J’apprécie uniquement, sur la chaîne cryptée, quelques émissions en clair, raison pour laquelle je laisse à mes beaux-parents le soin de régler mon abonnement (Quand on arrive dans une famille, il est crucial de savoir imposer sa personnalité.).
Doté cependant d’un sens de la famille fort développé, j’ai vite ressenti qu’il s’agissait de ne pas snober ce don sous le prétexte que la programmation cinématographique de cette chaîne ressemblait plus à un fourre-tout sale qu’à un choix raisonné et de bon goût (Même dans le film de boules, c’est comme les films d’Hollywood, c’est toujours pareil : elle suce, il pénètre, il encule et puis il jouit sur les nichons. C’est d’un triste la fesse chez Canal.).
Alors, que faire puisque je suis un homme entier en matière de convictions (comme disait Méhaignerie avant sa disparition.) ? La mort dans l’âme, je me suis donc résolu à regarder régulièrement le championnat de Balle au Pied. D’ailleurs cet après-midi, j’ai assisté au un duel passionnant (d’après Guy Roux, hein, moi je savais pas.) opposant les rouges aux blancs.
Outre les supporters défendant les éternelles valeurs de fraternité et de générosité du sport en hurlant « Oh hisse enculé », en chantant qu’ils étaient fiers d’être originaire d’un endroit qu’ils n’avaient même pas choisi (fiers d’être Auxerrois, comme Petiot), ou en exécutant tous le même salut de l’avant-bras dans un grand élan d’esprit critique, outre ces sympathiques (encore d’après Guy Roux.) abrutis (non là c’est moi.) les retransmissions footballistiques modernes ont ceci de fascinant qu’au lieu de commentaires concernant la tactique, la technique ou la stratégie, l’accent est mis sur les statistiques. (Oui je suis de mauvaise foi, mais cela sied mieux au déroulement de mon texte donc Schtoum.)
Donc, tandis qu’un phénoménal coucher de soleil enflamme le toit du stade, le téléspectateur est tenu au courant du nombre de fautes par camp, ou par joueur, ou encore du nombre de buts marqués de la tête sur coup de pied de coin par cette équipe depuis 1987 et autres choses fascinantes dont une : le pourcentage de possession de la balle. Statistique captivante car il faut bien que quelqu’un la contrôle. Et j’imagine, tout en haut du stade, pour bien voir le terrain dans son entier, un petit bonhomme, le nez alourdi d’une forte paire de lunettes, équipé d’un interrupteur marquant à gauche « rouge » et à droite « blanc ».
A chaque fois que le ballon change de pied : clic… clac… le petit bonhomme joue du bouton clic… clac… Pendant une heure et demie clic… clac…
Alors la prochaine fois que vous verrez un match de football, au lieu d’admirer des hommes aux corps superbes et à la lourde feuille de paye qui, finalement n’en ont pas besoin, pensez au petit bonhomme avec ses grosses lunettes qui rentre chez lui en pleurant parce qu’il n’est pas comptable.