7 anecdotes sur la clarinette que vous ne connaissez pas

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La clarinette : 7 choses inédites que vous ne savez pas sur cet instrument

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La clarinette : 7 choses inédites que vous ne savez pas sur cet instrument

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La clarinette, avec son timbre velouté et sa virtuosité espiègle, a conquis depuis trois siècles les cœurs des compositeurs, des interprètes et du public. Instrument caméléon, elle se faufile avec aisance du pupitre d’orchestre aux clubs de jazz, des salons viennois aux musiques de film, tissant autour d’elle une aura de mystère et de fascination. Pourtant, derrière son apparente familiarité, la clarinette recèle bien des secrets et des anecdotes insoupçonnées.

Saviez-vous, par exemple, qu’elle doit son existence à une invention presque accidentelle, ou qu’elle a inspiré des pages inoubliables à Mozart et Brahms ? De ses innovations techniques à ses incursions inattendues dans la culture populaire, voici 7 faits inédits qui dévoilent une clarinette méconnue, surprenante, et plus vivante que jamais.

1.     Une invention allemande issue du chalumeau

Avant de devenir l’instrument sophistiqué que l’on connaît aujourd’hui, la clarinette tire ses origines d’un humble ancêtre pastoral : le chalumeau. À la toute fin du XVIIe siècle, ce petit instrument à anche simple, limité à une seule octave, égayait les veillées et les fêtes populaires d’Europe centrale. Tout change au début du XVIIIe siècle, lorsqu’un facteur d’instruments allemand, Johann Christoph Denner, se penche sur ses limites. Visionnaire, Denner équipe le chalumeau d’un pavillon évasé et, surtout, d’une clé supplémentaire. Ce simple ajout permet à l’instrument de franchir le « saut de registre » et d’explorer de nouveaux horizons mélodiques.

La clarinette ainsi née, d’abord timide et nasillarde, séduit peu à peu les musiciens par sa capacité à passer sans heurt du grave profond à l’aigu éclatant. L’instrument évolue rapidement : au fil du temps, on lui ajoute des clés, puis des anneaux, pour faciliter le jeu chromatique et la virtuosité. Dès la fin du XVIIIe siècle, la clarinette s’impose dans les orchestres, les fanfares militaires et la musique de chambre, amorçant une aventure musicale qui ne cessera de se réinventer.

2.     Des compositeurs célèbres, des œuvres phares

Si la clarinette a su conquérir sa place dans l’orchestre, elle le doit en grande partie à l’enthousiasme de quelques compositeurs visionnaires. Parmi eux, Wolfgang Amadeus Mozart occupe une place à part : fasciné par la douceur et la souplesse de l’instrument, il lui consacre certaines de ses plus belles pages. Son Concerto pour clarinette en la majeur, KV 622, écrit pour son ami Anton Stadler, demeure un sommet du répertoire, célébré pour la pureté de ses lignes et la tendresse de son dialogue entre soliste et orchestre. Mozart offre aussi à la clarinette une place de choix dans son Quintette pour clarinette et cordes, KV 581, et dans plusieurs de ses opéras, où elle se fait tantôt lyrique, tantôt espiègle.

Mais Mozart n’est pas le seul à avoir succombé à ses charmes. Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Brahms, Weber, ou encore Berlioz, chacun à leur manière, ont mis la clarinette à l’honneur. Brahms, en particulier, compose à la fin de sa vie deux sonates, un trio et un quintette pour clarinette, inspiré par le jeu du clarinettiste Richard Mühlfeld. Ces œuvres, d’une profondeur et d’une expressivité rares, témoignent de la capacité de l’instrument à rivaliser avec la voix humaine, à la fois dans la mélancolie et l’exubérance.

3.     Des moments insolites dans le répertoire classique

La clarinette n’a pas seulement brillé par sa virtuosité ou sa douceur : elle s’est aussi illustrée dans des passages inattendus, parfois empreints d’humour ou de fantaisie. Dans Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns, elle incarne le coucou : cachée derrière le rideau orchestral, elle répète inlassablement le même motif, deux notes cristallines, imitant à la perfection l’appel de l’oiseau. Ce clin d’œil malicieux est devenu un passage culte, redouté pour la précision et la discrétion qu’il exige.

Autre exemple marquant : dans la Symphonie fantastique de Berlioz, la clarinette se voit confier l’un des solos les plus saisissants du répertoire, plébiscité des cours de clarinette pour adultes confirmés, lors de la « Marche au supplice ». Isolée, presque exposée, elle introduit le thème de l’« idée fixe » avant que l’orchestre ne bascule dans la fureur dramatique. Ce contraste, entre la fragilité du timbre et la violence de la scène, illustre à merveille la capacité de la clarinette à surprendre, à émouvoir et à marquer les esprits.

4.     Des innovations techniques révolutionnaires

L’histoire de la clarinette est jalonnée d’audaces techniques qui ont transformé l’instrument et ouvert de nouveaux horizons musicaux. L’une des révolutions majeures survient en 1812, lorsque le clarinettiste et inventeur allemand Iwan Müller met au point la clarinette « omnitonique » à 13 clés. Jusque-là, les clarinettistes devaient posséder plusieurs instruments, chacun accordé dans une tonalité différente, pour pouvoir jouer toutes les œuvres du répertoire. Grâce à l’ingéniosité de Müller, la clarinette devient enfin capable de jouer dans toutes les tonalités, facilitant grandement la vie des musiciens.

Mais l’innovation ne s’arrête pas là. Müller invente également la ligature métallique, un petit dispositif qui permet de maintenir l’anche sur le bec avec une stabilité inédite. Cette invention, aujourd’hui indispensable, était à l’époque une véritable révolution, améliorant la justesse et la facilité de jeu.

5.     Des clarinettistes français qui ont marqué l’histoire

La France a toujours entretenu une histoire d’amour particulière avec la clarinette, donnant naissance à une véritable école de jeu, réputée dans le monde entier pour son élégance et sa finesse. Parmi les figures emblématiques, Jacques Lancelot et Louis Cahuzac occupent une place de choix. Le premier, pédagogue hors pair, a formé plusieurs générations de clarinettistes, tandis que le second, soliste inspiré, a suscité l’admiration de compositeurs tels que Milhaud, Honegger ou Strawinsky, qui ont écrit pour lui des œuvres sur mesure.

Plus proches de nous, Michel Portal, Michel Arrignon, Pascal Moraguès ou Raphaël Sévère perpétuent cette tradition d’excellence et d’ouverture. Michel Portal, en particulier, incarne la curiosité et l’audace : classique, jazz, musique contemporaine, improvisation… rien ne lui échappe.

6.     Un instrument caméléon : du classique au jazz et au cinéma

La clarinette s’est imposée comme l’un des rares instruments capables de traverser tous les genres musicaux, du plus classique au plus contemporain, en passant par le jazz et la musique de film. Dès le XVIIIe siècle, elle séduit les compositeurs baroques et classiques, comme Vivaldi, Rameau ou Stamitz, qui l’introduisent dans leurs œuvres orchestrales et concertantes.

Mais c’est au XXe siècle qu’elle révèle toute sa polyvalence : la clarinette devient l’un des piliers du jazz New Orleans, portée par des figures comme Sidney Bechet, Claude Luter ou Barney Bigard, puis du swing avec l’incontournable Benny Goodman, dont le big band marquera l’histoire de la musique américaine. Dans le jazz contemporain, la clarinette basse s’impose à son tour, entre les mains de musiciens comme Jimmy Giuffre, Eric Dolphy ou Michel Portal, qui explorent ses sonorités profondes et expressives.

Au-delà du concert, la clarinette s’invite aussi dans la musique de film, apportant sa couleur unique à des bandes originales inoubliables. Elle incarne tour à tour la nostalgie, la tendresse ou la fantaisie, et s’adapte à toutes les ambiances, des scènes intimistes aux envolées orchestrales.

7.     Des apparitions insolites et inattendues

L’histoire de la clarinette est aussi jalonnée d’anecdotes surprenantes et de clins d’œil inattendus. Peu de gens savent, par exemple, que certains réalisateurs ou compositeurs de renom se sont essayés à la clarinette pour des besoins très précis, comme Steven Spielberg qui a tenu la clarinette dans des enregistrements de musiques de film pour ajouter une touche d’authenticité à certaines scènes.

L’instrument a également connu son lot d’innovations parfois mal accueillies : l’exemple de la clarinette omnitonique de Müller, d’abord boudée par les institutions, rappelle que les grandes avancées techniques ne sont pas toujours reconnues d’emblée.

Enfin, la clarinette s’est vue confier des rôles insolites dans des œuvres contemporaines : elle dialogue avec l’électronique dans des pièces comme Dialogue de l’Ombre Double de Pierre Boulez ou Devenir de Frédéric Durieux, où le soliste se retrouve face à son double enregistré ou transformé en temps réel, brouillant les frontières entre l’humain et la machine.

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