Les départs, où comment se retrouver à poil en 3 min 30
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J’ai vu récemment une image sur facebook qui se résumait à deux cercles assez éloignés l’un de l’autre et où il était écrit sur le premier : votre zone de confort, et sur le deuxième : l’endroit où les choses intéressantes arrivent.
Etre à l’étranger, c’est un peu ça. Les gens y viennent un peu déboussolés, mais n’ayant plus leurs repères, sont toujours prêt pour sortir, rencontrer de nouvelles personnes, et ont enfin une vie palpitante. Et c’est ça qui est génial. Les gens à Moscou sont vivants, tellement plus vivants.
Fini les soirées parisiennes du genre : « ça te dit une bouffe sympa à la maison vendredi ? Il y a aura tous mes couples d’amis. Non non, tu peux venir tout seul, ils seront content de te voir »
Mettez ces mêmes personnes dans un environnement agité comme Moscou, et vous obtiendrez un résultat complètement différent. A l’étranger, vos amis ne sont pas juste vos amis, mais vos camarades, des gens sur qui vous pouvez compter à trois heures du matin, qui sont prêt à tout pour vous aider, car on sait bien qu’en dehors de son cercle, on est plus fragiles, et du coup on se sert les coudes. Ou à défaut, quand on a 20 ans, on ne fait que de la merde.
Aussi, quand mes amis ont commencé à partir par vagues, 6 mois, 1 an, 2 ! (attention la grosse), ça m’a fait plus que bizarre. C’est comme si on vous arrachait le cœur, qu’un troupeau d’éléphants le piétinait, et qu’enfin on vous le remettait en place. Rien n’a changé, mais vous n’êtes plus tout à fait le même.
Mais se lamenter sur son sort n’apporte rien, alors autant faire des vraies fêtes de départ et tout péter. Car ça, au moins on s’en souvient.
A la soirée de départ de Nathanael, on a été embêtés. Il avait déjà fait sa valise, et il n’y avait plus rien à retourner. Quand Seb est entré, il était vert. Mais Seb est un ingénieur, et avec lui, il n’a jamais de problèmes, juste des solutions.
Il a attendu que l’attention de Nathanael se relâche un peu pour réagir. Et ça n’a pas été simple, car lui, il la sentait arriver, la connerie. Effectivement, ayant le dos tourné 2 minutes, Seb en profita pour vider la valise, la remplir de fruits et légumes du frigo, et de mettre un code de sécurité.
Le nouveau code, il ne l’a reçu que le lendemain matin a 6h et par sms, soit 15 minutes avant de prendre son taxi. Intense jusqu’à la dernière minute.
Le pote de William, lui, est parti après un an de bons et loyaux services. Rien à dire. Toujours partant pour sortir, voyager, boire une vodka, un vrai camarade. Lui quand il a fait sa soirée, il y a avait sa copine russe chez lui, donc il s’estimait à l’abri. Le problème, c’est qu’il avait invité Seb. Alors on a quand même tout pété.
Ca a commencé avec des œufs dans le micro onde. L’œuf dans le micro onde, c’est top. Au bout d une minute, il explose, et il en fout vraiment partout. Partout partout.
Avec Seb, on a trouvé un paquet de capotes. Par un acte presque chevaleresque, on en a laissé une sous l’oreiller.
Avec le reste, on a fait des bombes à eau, et on a essayé de viser les fenêtres des voisins (1 point ) qui parfois étaient ouvertes ( 2 points ) les arrosant au passage (3 points mais il était pas content, le mec qui fumait sa clope ). Ca a continué comme ça quelques temps, sous le regard ahuri de la copine de Benoit, puis on est parti après avoir fait le jeu de la bouteille. Ca m’a permis d’embrasser tous mes amis. Donc pas mal.
Bon des fois, c’était plus formel, avec les filles notamment ou des copains qui avaient déjà pris cher par le passé : Nathalie et Francois, Eléonore, Hélène, on n’y a pas touché. C’est surtout qu’elles nous criaient dessus et elles font peur, quand elles crient.
Et puis il y a eu le départ de Seb. Seb, c’est mon pote d’école, que j’ai pu faire venir en Russie, un peu sur un coup de chance. Alors lui, quand il a décidé de partir, ça m’a fait un coup. Pourtant j’ai bien essayé de me distraire à sa soirée en pétant tout, mais rien n’y a fait. Pas même la mousse à raser sur le papier peint. Ou l’aspirateur sous la douche. Ni même les pieds de la table Ikea à la hache. Rien de rien.
Dans la foulée, mon pote Boris s’en est allé avec sa dulcinée vivre en Suède, et la aussi, drame. Avec Boris, on allait en cours de russe puis on se retrouvait au bar à côté, et on finissait torchés à la bière. 2 fois par semaine pendant un an, tout de même, c’est pas rien. On sortait toutes les semaines et on finissait encore torchés. C’était le bon vieux temps. On philosophait sur tout et rien, surtout sur rien d’ailleurs, et c’était chouette.
Apprendre à laisser partir, c’est surement ce qu’il y a de plus dur dans la vie. On est faits comme ça, tous. On rencontre, on s’entiche, et hop on se dit que c’est pour la vie. Sauf que non. C’est pas comme ça. Les gens changent, évoluent, et continuent leur route sans vous. Alors plutôt que de les pleurer, autant se réjouir d’avoir fait un bout avec eux.
Allez merci les gars, et bon vent !